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ASSOCIATION HUMANITAIRE SANTE MENTALE - AHSM -
5 mars 2015

Bilan annuel du centre Robert Dotou

Bilan annuel du centre Robert Dotou

(Année 2014)

Le projet du centre d’insertion des jeunes déscolarisés que nous avons initié dans le cadre d’aider les jeunes en situation difficile voudrait être un creuset pour l’homme africain en général et le béninois en particulier de relever la tête et d’assurer par l’éducation et le travail son avenir. C’est un projet que nous avons voulu pour les jeunes défavorisés, ceux des villages. C’est aussi un projet pour les exclus, ceux-là qui sont marginalisés, étiquetés, rejetés et classés. C’est enfin un projet d’éducation et de formation de cette frange de la société sans espoir. Depuis 3 ans ce projet a reçu auprès de l’AHSM un écho favorable et un appui non négligeable. Nous en faisons ici le bilan annuel en trois points à savoir : les acquis, les difficultés et les projets à venir.

 LES ACQUIS

  1. La formation

La formation des jeunes déscolarisés est l’un des objectifs que le Centre Robert Dotou s’est assigné. Nous sommes en train de travailler à cela. L’école d’Halsou nous avait donné un tableau mobile. Nous l’avons pris dans un pousse-pousse depuis Sè (3km) pour le poser dans le centre. Sur ce tableau les 3 jeunes du centre y reçoivent des notions élémentaires en grammaire, en orthographe et en conjugaison. Casimir (tél 64.71.81.40) par exemple a commencé à parler français à la grande satisfaction de tout le monde. Sévérin (tél 65.38.69.24) avec sa grande capacité d’assimilation, peine encore à démarrer parce que ne prenant pas tout au sérieux. Il faut remarquer aussi que l’anglais se parle aussi dans le centre. En effet notre gardien, Edmond Tognanhou (décédé le 26 décembre dernier) a fait le Nigéria et s’exprime en anglais avec Benjamin Lavin (tél 94.23.76.89) notre volontaire américain qui a intégré le projet le mois d’août dernier. Léonard Worou-Baré (tél 96.82.67.02 ou 94.69.50.85), étudiant (c’est du centre qui lui paie les études universitaires depuis bientôt 2 ans) s’exprime en anglais avec le gardien et l’américain. Michel Tossénou (tél 96.09.57.21) est revenu malade du centre Songhaï. En effet le centre Robert Dotou l’a envoyé au projet Songhaï de Savalou pour une formation de 18 mois. Après 6 mois Michel a dû interrompre sa formation pour raison de santé. Il est désormais permanent dans le centre et met le peu de connaissance acquise en matière de production végétale au servir des autres jeunes de notre centre. Tout ceci fait que la vie dans le centre devient agréable à vivre et chacun se sent chez soi. Fructueux (communément appelé Technicien tél 67.5242.74 ou 99.73.35.73) est le chargé de la production végétale. C’est lui qui donne des cours de production en maraichage et décide de ce qui va être produit sur le terrain.

2 . La production

Nous avions déjà fait certaines expériences en matière de production végétale avant l’arrivée du Technicien. Sur notre sol (sableux) on peut tout produire : le piment, la bétérave, l’oignon, le haricot vert, le poivron, la laitue... sont les produits que nous avions essayés et cela a produit du fruit avec succès. L’arrivée du Technicien en mars 2014 nous a redonné encore plus confiance. En effet c’est avec le Technicien que nous avons fait, en avril dernier, la plus grande production. Nous avons produit de la pastèque sur un demi-hectare et la récolte a été excellente. Le 3 avril nous avions donc mis les graines de pastèque en terre et la récolte s’est faite le 10 juin soit après deux mois une semaine. La vente nous a donné 537.000f soit environ 820 euros. En juin nous avons produit de la tomate sur environ 1 ha et cela nous a rapporté 356.500f soit 545 euros (ici le centre n’a pas eu assez de rentrée d’argent de la tomate parce que la production était plus considérable que la quantité d’eau disponible dans le puits). La dernière vente de pastèque nous a donné 105.000f soit 160 euros. Où est passé tout cet argent que le centre a gagné ?

  1. L’argent du centre

L’argent gagné dans le centre a servi à tourner le centre. Tous ceux qui vivent dans le centre vivent aussi du centre. Les recettes ont servi à payer le gardien, à financer les études de Léonard à l’Université d’Abomey-Calavi, de Barnabé et de Apollinaire (élèves en classe de 3è et saisonniers du centre le fin de semaine et les congés). Michel est déjà père de famille. Il reçoit un petit pourcentage après chaque vente. Le Technicien est père de famille de 3 enfants. Il a son pourcentage sur les ventes. Casimir et Sévérin ont aussi des besoins qu’il faut satisfaire. Joseph s’y est ajouté il y a de cela un mois. Notre gardien décédé a été hospitalisé à trois reprises avant de mourir. C’est le centre qui a pris entièrement en charge ses deux premières hospitalisations dans une clinique privée de Sè et a participé de 25.000f à la dernière hospitalisation avant son décès (le gardien était atteint d’un cancer généralisé qui lui a été diagnostiqué à l’hôpital des frères Camiliens à Zinvié). Toutes les personnes intervenant dans le centre étaient aux obsèques du gardien le dimanche 28 décembre pour lui rendre un dernier hommage. Il faut aussi remarquer qu’Apollinaire a subi une intervention chirurgicale au front pendant l’année et c’est le centre qui a financé. Nous avons fait l’extension sur plus d’un hectare et ce sont les revenus d’un centre qui nous ont permis de faire l’aménagement en tuyaux afin d’amener l’eau qui nous sert maintenant à la production d’un hectare de piment contre-saison. Cette année l’AHSM a financé en partie le forage du centre avec une enveloppe de 2300 euros. Nous disons en partie parce que le forage a coûté 2. 700.000f cfa soit 4122 euros et la pompe immergée que nous avons posée nous est revenue à 85.000f soit 130 euros. Présentement le centre tourne avec un petit groupe électrogène et ce sont les petits revenus qui nous servent à payer de l’essence dans le groupe électrogène pour faire monter l’eau du forage dans le château.

  1. De nouveaux venus

Nous avons la joie d’avoir un volontaire américain, Benjamin Lavin, originaire de New-York, dans le centre. Il a intégré le projet le 1er août dernier. Il est chargé du suivi des jeunes du centre. Il travaille avec eux et sa présence dans le projet rend visible le projet et donne une certaine confiance aux trois jeunes permanents et aux quatre jeunes saisonniers qui animent le centre. Un autre jeune, Joseph, a intégré le centre un lundi matin. Joseph vient d’avoir le bac et se retrouve dans l’impossibilité de continuer les études sur le Campus. Il a demandé à passer deux années à travailler dans le centre. En retour le centre prendra entièrement ses études en charge comme c’est le cas de Léonard qui est déjà en 2ème année d’Espagnol au Campus. D’autres jeunes orphelins des villages environnants ne cessent de réclamer de place dans le centre. Mais dommage, notre capacité d’accueil est bien limitée.LES

B . DIFFICULTÉS

1 . Capacité d’accueil limitée

Le centre pouvait accueillir plus de jeunes dans le projet si nous avions assez de places disponibles. Les nombreux appels téléphoniques qui nous parviennent en sont la preuve palpable que les uns et les autres ont commencé à connaître le projet. Mais malheureusement nous sommes bien limités. Nous avons une liste d’attente de jeunes en difficulté qui attendent qu’on les appelle. Si on avait assez de dortoirs disponibles, le centre aurait déjà accueilli plus d’une vingtaine de jeunes.

  1. La route

C’est Sè qui fournit du gravier et du sable pour les constructions de maisons et de grands édifices à Cotonou. De gros camions viennent chercher sable et gravier non loin du centre. Toutes les tentatives pour empêcher les camions de dégrader notre voie sont vaines. C’est tout un calvaire de se rendre en voiture dans notre centre. Les camions ont totalement abimée la voie. C’est l’une des difficultés que nous avons. Toute personne voulant nous rendre visite est obligée de le faire à moto, ce qui n’est pas décent pour tout le monde. L’obstacle que constitue la vie d’accès fait que de nombreux clients hésitent à aller dans le centre pour s’approvisionner.

  1. Le manque de bonne volonté

Un autre obstacle majeur est la paresse généralisée chez les jeunes du centre. Il faut que nous soyons là avant que tous se mettent au travail. Sévérin, qui a l’allure d’un bon travailleur est le plus paresseux. Les autres sont plus dévoués. Le Technicien est aussi obligé de crier avant que, avec désinvolture et nonchalance, on puisse se mettre au travail. Nous avions menacé de renvoi, nous avons même tenté d’exclure ceux qui ne veulent pas se mettre au pas, mais personne de ceux que nous avons tenté de renvoyer ne veut retourner en famille. C’est dire que malgré les difficultés rencontrées par les jeunes du centre, chacun d’eux tient à vivre dans le centre et à s’épanouir. C’est cela notre vœu pour l’avenir du centre.

  1. LES PROJETS À VENIR

  1. Extension et aménagement

Nous sommes sur 4 ha et notre ambition est de les occuper. Comme on le dit communément, la terre ne ment pas. Nous voulons d’abord occuper les 4 ha et nous pensons à l’avenir acheter les terres qui nous entourent pour en faire un grand projet capable de drainer du monde pour le centre. Nous pensons d’ici la fin de l’année accueillir plus d’une vingtaine de personnes et dans deux ans pouvoir installer dans leurs villages respectifs Sévérin et Casimir afin qu’ils puissent exercer le maraichage chez eux et pouvoir gagner leur vie à partir de la formation reçue dans notre centre. En parlant d’extension du projet, nous pensons aussi aux infrastructures d’accueil.

  1. Infrastructures d’accueil

La capacité d’accueil du centre est très limitée. Nous ne pouvons qu’accueillir présentement que 4 personnes. Nous avons été obligés de loger le Technicien à Sè dès l’arrivée de Joseph. Si on avait plus d’espace on logerait mieux ceux qui viennent dans le centre. Il faut rappeler que le centre est dans l’obscurité et les panneaux solaires que nous avons ramenés de Madrid ne suffisent pas pour éclairer tout le centre. Un centre dans l’obscurité est exposé à l’insécurité. Mais pour l’heure nos jeunes du centre utilisent des lampions et des lampes-torches. Or ils sont en brousse.

Remerciements

Nous adressons nos sincères remerciements à AHSM (Association Humanitaire en Santé Mentale) pour l’aide qu’elle nous apporte chaque année. C’est le lieu ici de remercier les membres du bureau de l’AHSM et par là tous les adhérents. Le marché de Noël que l’AHSM organise chaque année pour collecter de l’argent pour nos petits projets se passe sous le froid, et pour qui a fait l’expérience du froid doit savoir que c’est rude. Nous ne pouvons que prier en retour pour l’AHSM afin que Dieu bénisse cette association et qu’il comble tous ses adhérents au-delà de leur mérite.

Fait à Sè le 10 janvier 2015

abbé Pascal DOTOU

Pour la Fondation ROBERT DOTOU

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